mardi 7 août 2012

Gaspillage et famine, deux faces de la pièce libérale

Rédigé par Mónica Navarro (Bolivie, niveau B2)

“Nourriture” et “gaspillage” sont des mots que ne devraient jamais faire partie de la même phrase, mais c’est chaque fois plus le cas, notamment  dans les pays les plus développés, tandis que de l’autre côté du monde on parle de plus en plus de la malnutrition et de la famine. Le gaspillage alimentaire et la famine sont-ils une caractéristique du capitalisme libéral ou bien les organismes internationaux et les états luttent-ils sincèrement contre la pauvreté ?

Capitalisme et inégalités sont deux processus parallèles parfaitement compatibles. Car si d’un côté on gaspille des aliments en bon état, de l’autre côté, minute après minute des enfants meurent de faim. Le gaspillage est un phénomène propre à la société de consommation capitaliste. La FAO a dénoncé que un tiers de la production alimentaire part chaque année à la poubelle. Les consommateurs de l’Europe et des États-Unis gaspillent en moyenne 100 kilos par an et par habitant contre 10 kilos en Afrique et en Asie. Le gaspillage peut se produire à différents moments de la chaine productive, de la commercialisation et de la consommation. Lors de la collecte par exemple, les feuilles extérieures de la salade sont jetées sur le terrain de production, tout comme les brocolis dont la couleur et la taille ne sont pas homogènes. Dans le transport et au moment de la livraison aux supermarchés des boîtes de tout genre de marchandises s’abiment. Dans le lieu de vente le gaspillage augmente pour diverses raisons, entre autres entre elles : les produits qui ne se voient pas bien –même s’ils sont en bon état- ne sont généralement  pas achetés ; les produits de courte durée comme le pain et la banane ne durent pas plus qu’un jour sur les rayons ; les dates affichées sur les emballages jouent aussi, le texte « à consommer de préférence préférablement avant… » est souvent confondu avec celui qui annonce la date de péremption, c’est pourquoi plusieurs produits ne sont pas achetés et sont enlevés des rayons beaucoup trop tôt qu’il ne le fallait pas. Mais le gaspillage ne s’arrête pas là, car les foyers sont des grands contributeurs de la nourriture à la poubelle.  Soit on achète plus que nécessaire et après on jette des produits périmés souvent oubliés dans le fond du frigo, soit on ne mange pas la totalité de la nourriture servie. Cette situation est encore plus pénible dans les cantines des écoles, où l’on constate le gaspillage en masse lors qu’on propose beaucoup de légumes; ce n’est pas les cas quand on propose des frites !

Les consommateurs engagés dans la logique du marché capitaliste sont devenus très exigeants. Ils cherchent des beaux produits frais savoureux et pas chers, et ne prennent pas de risques avec la date de péremption. Etant donné que le marché est le mécanisme le plus efficace pour décider de l’utilisation des ressources, rien n’empêche de gaspiller les  aliments. Mais jusqu’à où peut-on tolérer ces inégalités ?
Du gaspillage alimentaire, les médias, les chercheurs, les industries et les gouvernements des pays à la tête du capitalisme comme le Canada, l’Angleterre, la France, la Belgique et d’autres, commencent à en parler, à réfléchir et à agir. La plupart des actions et des suggestions restent comprises encore dans la logique du marché libéral. On propose de faire des listes de courses, de bien réfléchir sur la quantité avant de prendre une promotion, bien regarder les dates de péremption. Enfin il s’agit de petits gestes de tous les jours à assumer au foyer. Mais par contre, même dans le cadre de la promotion de la responsabilité sociale parmi les entreprises, on ne leur demande pas de mieux planifier leur production, on ne charge pas des amendes aux gaspilleurs en masse, on ne contrôle pas la quantité des aliments que les entreprises jettent à la poubelle.
Mais comment se fait-il que 30 ans après les accords multilatéraux pour « guérir » les économies des pays dits « en voie de développement » exprimés dans le Consensus de Washington, la famine et la pauvreté sont aujourd’hui bel et bien installées dans ces pays, tandis que dans d’autres on gaspille de la nourriture ? Cette contradiction met en évidence l’incapacité  du capitalisme d’éradiquer la pauvreté dans le monde. C’est plus qu’une incapacité, l’inégalité est bien à la base de l’accumulation différenciée favorisée par le libéralisme.
Etant donné que la santé est un droit humain universellement reconnu, les états de la planète devraient prendre des mesures efficaces pour ne pas permettre l’augmentation de la production alimentaire mais promouvoir l’amélioration de la distribution de ce qui est déjà produit.