Exhortation écrite par Ana Maria Verissimo do Carmo (Portugal) dans le cadre du cours LFRAN 1401 (objectif B2)
Aristides
de Sousa Mendes est né dans un petit village du Nord du Portugal, en 1885. Il a
travaillé comme consul portugais dans plusieurs pays du monde, notamment aux
États-Unis, en Belgique ou encore en France. En 1939, il a commencé ses
fonctions de consul à Bordeaux, où on croit qu’il a délivré plusieurs milliers
de visas à des réfugiés, juifs ou pas, et cela contre les ordres du régime
dictatorial portugais de Salazar.
"Premièrement,
je ne suis absolument pas d’accord avec cette nouvelle loi, la Circulaire 14,
qui interdit la distribution de visas portugais aux réfugiés de guerre
considérés comme dérangeants ou dangereux, c’est-à-dire les citoyens de
nationalité inconnue ou les Juifs qui ont été bannis de leur propre pays. Mon
opinion est qu’il faut respecter l’égalité entre nationalités, races ou
religions. Les lois que j’utilise pour guider mes actions sont les lois de
l’humanité, les lois de Dieu, qui sont universelles et qui ne font aucune
distinction. Je ne peux pas comprendre ni suivre un ordre aussi inhumain et
raciste que cela.
Deuxièmement, c’est un fait que la
Constitution portugaise interdit complètement la discrimination basée sur la
religion, ainsi je considère que ces ordres sont inconstitutionnels. Je sais
que cette affirmation peut remettre en cause la neutralité portugaise désirée,
mais je ne peux pas vivre avec ma conscience si je ne fais rien pour alerter
les gens. Le peuple portugais est connu pour n’avoir jamais succombé à des
idées antisémites, on ne peut donc pas commencer maintenant à tolérer ce genre
d’attitude.
Enfin, je suis accusé d’avoir
déshonoré mon pays, mais j’ai été applaudi par des centaines de personnes en
sortant de Bayonne, et pour cela je considère que j'ai réussi à honorer le
Portugal. Mon objectif est de sauver et aider toutes les personnes innocentes
ayant déjà beaucoup souffert et qui ont perdu leur conjoint et/ou leurs
enfants. Il y a aussi des gens de tous les métiers et de toutes les
nationalités qui seront tués comme rebelles si on ne fait rien. Et on ne peut
jamais oublier les Juifs, certains d’entre eux ont déjà été capturés et vivent
avec la peur d’une répétition. C’est vrai que j’ai désobéi, mais je vais continuer
à le faire pour défendre ma cause jusqu’à la fin."
Note de l'auteur :
en vérité, la discrimination dont Aristides parlait n’était pas une distinction
entre Juifs et non-Juifs. À l’époque, le Portugal avait des moyens financiers
très limités, il aurait fallu contrôler les entrées et les sorties des gens,
pour éviter un phénomène d’immigration de masse. De plus, il ne fallait
absolument pas compromettre la neutralité du pays en laissant entrer des
figures importantes d'un camp particulier.
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