écrit par Jessica Young (Néo-zélandaise, LFRAN1401, Objectif B2)
Il gît à plat ventre. Il n’y a aucun bruit, sauf la respiration profonde des autres. Il n’est que six heures le matin, ce sera une très longue journée comme toutes les autres ; mais aucune journée n’est la même que la précédente. On ne sait jamais à quoi s’attendre. De temps en temps, il pense que peut-être ce serait mieux de vivre au jour le jour, de ne pas avoir trop d’espérances.
Il est entouré de ses camarades, qui sont tous dans la même position que lui. Personne ne bouge. Il a le doigt sur la gâchette de son lourd fusil, mais il n’a pas le désir de la presser. L’après-midi, il se traîne par terre dans les marécages boueux avec les vêtements trempés et pesants. Il a mal aux pieds car il n’a pas eu l’occasion de changer de chaussettes depuis huit jours.
Aujourd’hui, comme la veille, était une journée horrible. Il a vu tomber autour de lui de nombreux camarades ; les ennemis ont bombardé partout. Il ne pouvait rien faire ; en plus il a dû les laisser afin de s’enfuir et de trouver une cachette. Plus tard, il a trouvé le plus grand coquelicot du champ pour le placer sur le corps d’un ami. Il n’a pas fermé l’œil de la nuit, à force d’entendre le bruit continu de la mitraille. Il a peur tout le temps, mais il est courageux, et il faut continuer jusqu’à la fin de cette guerre déroutante.
Il n’est pas un homme, ni un militaire de carrière, il n’est qu’un garçon de dix-sept ans qui s’est engagé pour lutter pour son pays. Chez lui, sa mère s’inquiète chaque minute, et il manque à sa sœur de dix ans qui ne comprend pas la raison pour laquelle il est à l’étranger. Il y a deux mois il avait joué aux cartes avec elle, et lui avait raconté des plaisanteries pour la faire rire. Elles lui manquent encore plus.
Je ne connais pas son nom, ni son histoire. Il ne me connaît pas non plus, mais il a combattu pour moi. Il a lutté pour mon pays, un pays qui n’est pas le sien en risquant de mourir. C’est un héros, comme d’autres qui ont œuvré pour la liberté et pour nos droits. Ils étaient parfois solitaires, mais ils ont fait preuve de solidarité, confrontés à des situations périlleuses à chaque minute.
Il a fait des actes héroïques quotidiennement, en soutenant ses camarades, en travaillant sans penser à lui-même, en ne renonçant jamais. Je me souviendrai toujours de lui ; l’homme qui a été sacrifié à l’illusion que la guerre peut mettre fin à la guerre.