écrit par Tommaso De Zan (Italien, LFRAN1401, Objectif B2)
Le mardi 4 novembre 2011 dernier demeurera dans l’histoire de Gênes l’un des jours les plus tragiques de sa longue et merveilleuse histoire. Une inondation jamais vue a atteint la ville la plus grande de la Ligurie et l’a transformée en enfer. En regardant les images à la télévision ou sur internet, je ne suis pas arrivé à reconnaître la ville où se trouve l’un des plus beaux aquariums du monde. La beauté de ses monuments, la particularité de ses petites ruelles et la majesté de son port, tout est submergé par des litres et des litres d’eau. C’est exactement l’eau, réseau d’inestimable valeur pour la Ligurie et pour Gênes en particulier, qui le 4 novembre a décidé de trahir son alliée naturelle. Le bilan de l’inondation, qui ne frappe pas seulement la ville mais toute la Ligurie en général, est désolant: seize morts, dont six habitaient dans la même rue qu’une de mes copines Erasmus, Elena.
Elle est rentrée chez elle le weekend de l’inondation puisqu’elle voulait fêter son anniversaire avec sa famille et ses meilleurs amis. De tout son weekend, elle a obtenu qu’une pizza et une tarte avec sa sœur et sa meilleure amie parce qu’elle n’a jamais réussi à arriver à Gênes. C’est mieux que rien, mais les attentes d’un weekend en Italie étaient clairement différentes. Parfois le destin décide de se moquer de toi et devient plus cruel qu’un ami qui te laisse tomber. La voir avec le souris le lundi après son retour m’a complètement choqué. Si j’avais été elle, j’aurais invectivé contre tout le monde. Mais je ne veux pas parler seulement d’Elena, même si par son esprit et force de volonté je l’ai considérée comme une sorte d’héroïne.
De toute façon, ce qui m’a le plus étonné pendant ces jours ont été les figures des Anges de la Boue. Qui sont-ils ces Anges? Ce sont des garçons et des filles tout à fait normaux qui étudient ou travaillent régulièrement à Gênes. Lorsqu’ils ont vu la catastrophe qui a déchiré leur ville, ils ont décidé de descendre dans la rue et de commencer à déblayer toute la Boue répandue. Ils ont travaillé durant six ou sept heures par jour, sans évidemment être payés, ou sans obtenir de crédits par leurs facultés. Ils voulaient seulement aider leur ville et ses citoyens. Ces garçons et filles sont ceux de la génération facebook (la mienne), accusés et maltraités par les adultes et les medias. On nous accuse de rester toujours devant l’ordinateur et vivre dans un monde d’apparences et de superficialités. On nous accuse d’être fainéant ou « bamboccioni » si bien qu’on demeure à la maison jusqu’à trente ans parce qu’on ne veut pas quitter ses commodités. Mais en même, on ne parle pas de taux de chômage chez le jeunes qui est parmi les plus élevés d’Europe (29%) et les règles dans le marché du travail qui empêchent une juste compétition entre générations. C’est vrai qu’on a beaucoup de fautes à ce propos. Souvent on n’est pas des bourreaux de travail et on essaye de trouver des raccourcis. L’université chez nous n’est pas envisagée comme un endroit de formation, mais plutôt comme une période de vacance de trois ou cinq ans. Un jour j’étais en train de parler avec une fille de Gênes à l’égard de l’université. Elle était un an et trois mois en retard sur son Baccalauréat. Je lui ai demandé pourquoi elle était si en retard. J’ai pensé que c’était une question normale et légitime. Elle m’a répondu, très fâchée, que j’étais vraiment désagréable. Celle-ci est la mentalité italienne.
Mais, en même temps, notre génération est capable de gestes comme ceux des Anges. L’action de ces jeunes a été spontanée et naturelle. Ils se sont organisés à travers facebook, le moyen contesté et mal compris par les adultes. Ces jeunes ont démontré que l’Italie, même si elle demeure « un pays pour les personnes âgées », ne peut et ne doit pas nous considérer comme la cinquième roue du carrosse. Nous sommes un réseau indispensable et nous pouvons le démontrer.
Gênes a bien compris l’importance de l’action des Anges. Durant deux ou trois jours la ville était pleine d’enseignes lumineuses: « Gênes remercie les Anges de la boue ». Un petit geste, sûrement apprécié par ces garçons et ces filles qui se sont efforcés rendre moins dramatique l’enfer de la semaine passée. L’action des Anges a redonné un peu d’espérance à un pays épuisé et paradoxalement cette action concrète provient de personnes accusées de vivre dans le monde digital et irréel de la toile. Tout ceci s’est passé pendant que les adultes s’insultaient au Parlement et n’arrivaient pas à s’accorder quant à une solution concrète en faveur de l’intérêt national, nonobstant la crise économique. C’est aussi grâce à l’action de ces jeunes qu’éventuellement l’Italie deviendra un jour « un pays pour les vieilles et les jeunes générations aussi».
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