Par Marianna Proietti,
Italie (B1)
"J’aime ce poème parce
que souvent nous sommes trop concentrés sur nos occupations et sur le temps
dont nous avons besoin pour les faire, parce que nous oublions de regarder tout
autour de nous et d’apprécier tout ce qui nous entoure. Nous oublions ce
que c’est de ressentir des émotions, suivre nos sensations sans penser, sans
utiliser la tête. Seulement se délaisser à ce que notre Cœur nous dit. Nous ne
devons pas être esclaves du temps et de l’anxiété. Nous devons Vivre."
ENIVREZ-VOUS
Il faut être
toujours ivre, tout est là ; c'est l'unique question. Pour ne pas sentir
l'horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre,
il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de
quoi? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous!
Et si
quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, vous
vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la
vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge; à tout ce qui fuit, à tout ce qui
gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez
quelle heure il est. Et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous
répondront, il est l'heure de s'enivrer ; pour ne pas être les esclaves
martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin, de poésie,
de vertu, à votre guise.
(In Les petits poèmes en prose)
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