lundi 19 décembre 2016

Héros d'ici et d'ailleurs : Rita Levi-Montalcini



Texte écrit par Moira Ciardi (Italie) dans le cadre du cours LFRAN1401 (B2)
 
J’ai choisi comme ‘’Héros d’ici et d’ailleurs’’ la scientifique et Prix Nobel de Médecine Rita Levi-Montalcini, connue pour ses importantes découvertes sur les neurones. Rita Levi-Montalcini est née à Turin, le 22 Avril 1909. Elle est devenue une neurologue célèbre et sénateur à vie. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Montalcini a pu poursuivre ses études sur les cellules nerveuses dans un laboratoire chez elle. Ce travail a aidé à découvrir et à identifier le facteur de croissance des fibres nerveuses ou NGF, pour lequel elle a remporté en 1986 le prix Nobel de médecine, partagé avec son collègue Stanley Cohen. Rita Levi-Montalcini est morte à Rome le 30 Décembre 2012, à l'âge de 103 ans.
Je l’aime beaucoup pour ses idées, son esprit scientifique et surtout pour sa sensibilité.



  ‘’Je suis Rita Levi Montalcini, une chercheuse, une Nobel en neurologie mais surtout une femme très passionnée. J’aime parler avec vous, les jeunes, et raconter ma vie, parce qu’elle peut être un bon exemple pour vivre mieux. J’adore la recherche et la science qui sont des thématiques vivantes et pleines d’énergie ! Mais je me bats aussi pour les droits des femmes et la vie en général.
   Les lois raciales de 1938 m’ont donné ma chance, car elles m’ont forcé à me construire un laboratoire dans ma chambre, chez moi, où j'ai commencé les recherches qui ont ensuite conduit à la découverte du NGF (facteur de croissance nerveuse). Nous avons découvert que le NGF est bien plus qu'une simple protéine. Sans elle, la vie cesse. Grâce à l’expérimentation avec les souris on a découvert que le NGF peut bloquer l'avancement de la maladie d'Alzheimer. Je souhaite aux jeunes gens la même chance. Cette chance qui m'a amenée à perdre tout l’intérêt pour ma personne, à avoir toujours une grande attention à tout ce qui m’entoure, dans le monde de la science, sans négliger les valeurs de la société. Je vous dis, mes jeunes : ne pensez pas à vous-même, pensez aux autres. Pensez à l'avenir qui vous attend, pensez à ce que vous pouvez faire, et ne craignez rien. Ne craignez pas les difficultés. Je suis passée par beaucoup de choses, et je les ai traversées sans crainte, avec une indifférence totale pour ma personne.
  Le message que je vous envoie est plus important que ma passion scientifique. Faites face à la vie avec un mépris total pour votre propre personne, et avec la plus grande attention au monde qui nous entoure, inanimé ou vivant. Ceci, je pense, était mon seul mérite. Je pense plus maintenant que quand j'avais vingt ans. Que le corps fasse ce qu'il veut. Je ne suis pas mon corps. Je suis mon esprit ! Quelle que soit la décision que vous avez prise pour votre avenir, vous êtes autorisé, et je dirais encouragé, à la soumettre à un examen continu. Vous devez être prêt à changer, si elle cesse de répondre à vos désirs. Vous devez refuser d’entreprendre une carrière juste parce qu'elle vous assure une pension. Le meilleur conseil que je peux vous donner est d’avoir un cerveau en pleine activité qui vous permet de continuer à penser jusqu'à la fin. Aimer votre travail est la chose qui est plus proche du bonheur sur la terre. Il sera toujours mieux d’ajouter un petit plus de vie aux jours, mais pas des jours à la vie !
  Dans la vie, nous ne devons pas nous abandonner à la médiocrité et à la résignation passive, mais hors de cette zone grise où tout est personnel, nous devons cultiver le courage de nous rebeller. Rares sont les personnes qui utilisent l'esprit, peu nombreuses celles qui utilisent le cœur, et uniques celles qui utilisent les deux. Le mal absolu de notre temps est de ne pas croire aux valeurs. Peu importe qu'elles soient religieuses ou laïques. Les jeunes ont besoin de croire en quelque chose de positif et la vie est digne d'être vécue avec des valeurs, car elles restent après notre mort. Quand le corps meurt, la seule chose qui survit est ce que vous avez fait, le message que vous avez donné.
  Aimez beaucoup votre cerveau : si vous le cultivez cela fonctionne. Si vous le laissez aller et vous le mettez à la retraite, il s’affaiblit. Sa plasticité est formidable. Pour cela, nous devons toujours continuer à penser. Tout le monde dit que le cerveau est l'organe le plus complexe du corps humain. En tant que médecin, je pourrais être d’accord. Mais en tant que femme, je vous assure qu'il n'y a rien de plus complexe que le cœur. On ne connait toujours pas ses mécanismes. Dans le raisonnement du cerveau tout est logique, mais dans le cœur il y a juste des émotions.
  Je voudrais adresser mes derniers mots aux jeunes filles. Les femmes qui ont changé le monde n’ont jamais eu besoin de rien d'autre que montrer leur intelligence. Les femmes ont toujours dû se battre deux fois. Elles ont toujours eu à transporter deux poids, privés et sociaux. Les femmes sont l'épine dorsale de la société. Vous devez vous battre pour vos droits. La femme a été sous-estimée depuis des siècles. Lorsque vous avez accès à la culture, elle est comme une affamée. Et la nourriture est beaucoup plus utile pour les affamés que ceux qui sont déjà saturés. Pour la femme, il est temps de prendre un rôle de premier plan dans le monde de la gestion. Les femmes peuvent apporter une contribution importante en ce moment critique. En Afrique, il y a des milliers de femmes intelligentes qui n’ont pas le droit d'utiliser leur cerveau. Tout ce que j'engage en Afrique avec la Fondation Rita Levi Montalcini est l'éducation. Quand j’avais vingt ans, je voulais aller en Afrique pour traiter la lèpre. J’y suis allée quand j’étais plus vieille, mais pour guérir l'analphabétisme, ce qui est beaucoup plus grave que la lèpre !
  Enfin, je peux dire que le seul idéal pour lequel je travaille est d'aider les autres ; la recherche m'a donné beaucoup plus que ce que je pouvais espérer. Aimez la !’’

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